La Fayette by Etienne Taillemite

La Fayette by Etienne Taillemite

Auteur:Etienne Taillemite [Taillemite, Etienne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie Historique
Publié: 1989-09-26T22:00:00+00:00


CHAPITRE XX

La guerre

La Fayette reprit donc contact, en janvier 1792, avec une vie militaire qu'il avait abandonnée depuis dix ans et avec une armée dans laquelle il n'avait fait qu'un très brève apparition comme tout jeune officier avant son départ pour l'Amérique. Il arrivait donc sur un terrain qu'il connaissait mal et dans un corps où la Révolution avait provoqué bien des troubles, comme l'avait prouvé la mutinerie de Nancy. Dans quel état matériel et moral trouva-t-il cette armée qui lui était confiée ? Depuis 1763, c'est-à-dire depuis près de trente ans, elle vivait dans la paix, car le nombre des unités qui avaient participé aux opérations en Amérique était très faible : une dizaine de milliers d'hommes environ sur 150 000. La majorité des effectifs était donc totalement dépourvue d'expérience. Le matériel n'avait pas fait l'objet de beaucoup de soins, car Louis XVI, résolument pacifiste, ne semble pas s'être jamais passionné pour les questions militaires, et, s'il s'intéressait très vivement à la marine, c'était plus en raison de ses activités scientifiques que sous l'angle des opérations. Matériellement, l'armée était donc mal préparée à un conflit, beaucoup d'équipements et d'armes manquaient, au point qu'en avril, lorsque la guerre éclata, La Fayette pouvait écrire : « Je ne puis concevoir comment on a pu déclarer la guerre en étant prêt sur rien. »

C'est certainement dans le domaine moral et psychologique que se présentaient les problèmes les plus nombreux. Dès juillet 1791, Bouillé notait l'évolution des esprits: « Les causes de l'aliénation de l'armée et de son dévouement à la nation sont l'opinion des soldats sur la nullité du roi et sur la puissance de l'Assemblée qui a augmenté leur paie, détruit la discipline et autorisé la licence ; l'espoir fondé des bas-officiers de remplir les places des officiers ; et enfin cet esprit d'égalité qui s'est répandu parmi les troupes comme parmi le peuple et qui est le plus ferme appui de la nouvelle Constitution485.» » Mathieu Dumas, promu maréchal de camp en octobre et affecté à Metz, y constatait le relâchement de la discipline et l'influence dissolvante des sociétés populaires. Il fut aussi frappé par certains retards techniques, comme l'absence d'unités d'artillerie légère à cheval, très mobiles, existant dans l'armée prussienne486. Le maréchal de Ségur, lorsqu'il était ministre de la Guerre, avait bien projeté de créer des compagnies de ce type, mais rien ne fut exécuté.

La Fayette constata aussitôt la division en officiers aristocrates et soldats : « La discipline qu'il était si important de rétablir fut désorganisée à la fois par la malveillante négligence de ces officiers, par leurs provocations envers les soldats et par l'anarchique intervention des jacobins dont les clubs prenaient beaucoup d'empire sur les troupes. » Il reprochait vivement au ministre Duportail et au comité militaire de l'Assemblée d'encourager la fréquentation de ces clubs. En revanche, l'abolition des privilèges nobiliaires et le nouveau mode d'avancement ouvraient des possibilités plus vastes aux talents et devaient multiplier « nos chances contre les nations étrangères renfermées dans le cercle étroit des distinctions nobiliaires et des prérogatives de Cour ».



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